Les gardiens autochtones participent à la réponse d'urgence face à la COVID-19
21 avril 2020 | Gardiens pour la terre
Même si Tanya Ball travaille à domicile ces jours-ci, elle participe à un effort communautaire visant à protéger les gens du coronavirus. Ball est la coordonnatrice des gardiens rattachés au réseau Dane nan yḗ dāh de la nation Kaska, dans le nord de la C.-B. À l’instar des autres gardiens partout au pays, elle aide sa nation à répondre à la crise.
« Nous sommes ici pour aider du mieux que nous le pouvons », dit-elle.
La COVID-19 pose des défis uniques aux nations autochtones. Comme les communautés disposent de ressources médicales limitées et que leur histoire est marquée par la perte de population en raison de vagues de maladies contagieuses, les nations autochtones reconnaissent la gravité de la menace que représente ce virus. La sécurité des gens peut être assurée par le travail des patrouilles, l’information et le soutien à l’intention des aînés ainsi qu’en préparant les familles à se déplacer sur le territoire au besoin. Les gardiens autochtones ont les compétences pour contribuer à ces efforts.
Ball fait partie de ces gardiens. Elle a grandi à Lower Post, a étudié en sciences de l’environnement au collège, puis a été technicienne de SIG avant de se joindre au réseau Dane nan yḗ dāh. Dans le cadre de son travail, elle a suivi une formation sur l’intervention en cas d’incendie de forêt et l’inscription des personnes évacuées. Par ailleurs, elle a acquis une vaste expérience auprès des aînés et des gardiens du savoir.
« En ce moment, j’utilise mes connaissances sur les SIG pour élaborer une carte destinée aux services de soutien d’urgence, affirme-t-elle. Si des ambulanciers doivent aller chercher quelqu’un, ils doivent savoir comment trouver cette personne. Lors d’incendies de forêt passés, nous avons inscrit tout le monde, compté le nombre d’habitants par foyer et noté s’ils avaient des besoins particuliers. Dans la situation actuelle de la COVID, nous nous assurons de savoir qui sont les personnes à risque. »
Lisa Horsey, également membre des gardiens des terres Kaska, a dû trouver un hébergement sur place, à Whitehorse. Malgré cela, elle continue de participer à la réponse d’urgence en terminant une formation en ligne visant à soutenir l’équipe d’intervention d’urgence.
Ball veille aussi à ce que les membres de la communauté aient l’information nécessaire pour faire face à la pandémie. Elle gère une page Facebook comptant près de 500 membres qui proviennent d’aussi loin que Whitehorse. « Je publie de l’information tirée de sources crédibles seulement, soutient-elle. Les trois nations [les Tahltan, les Kaska et les Tlingit] travaillent à l’élaboration de mesures de lutte contre la pandémie. Elles ont donc des tonnes de renseignements pertinents en leur possession. »
Son rôle consiste également à partager de l’information sur les façons de demander de l’aide et sur l’horaire de la fourgonnette communautaire, maintenant équipée d’un panneau en plastique qui protège le conducteur, qui emmène les aînés, un à la fois, consulter un médecin. « Nous informons aussi les gens qui vont chasser de la distance qu’ils peuvent parcourir avec un plein d’essence. Ainsi, ils évitent de faire le plein dans une autre communauté et de s’exposer au virus. »
D’autres programmes jouent des rôles semblables, comme celui des gardiens Heiltsuk d’intendance côtière, par exemple, dont les gardiens patrouillent sur la côte du Pacifique, près de Bella Bella, et avisent les plaisanciers de la fermeture de la communauté aux personnes de l’extérieur.
Les gardiens détiennent les connaissances locales et l'expérience de leadership pour apporter leur aide en temps de crise. Des gardiens plus nombreux sur le territoire peuvent favoriser la protection d’un nombre accru de communautés.
« Il y a tant de travail à faire, dit Ball. Participer à la réponse d’urgence n'est qu’un autre moyen pour moi d’aider. »